ATTENTION AUX SPOILS

J’étais devant « Interstellar » de Nolan, que je voyais pour la – je-ne-sais-plusième – fois. Il y a cette Hamilton que Mc Conaughey donne à sa fille. Il se sert de l’aiguille des secondes pour coder, en morse, le morceau d’équation manquant à l’humanité pour partir de la terre. Cette montre, une réinterprétation malheureuse d’une montre militaire de la première moitié du XXeme siècle, avec ces aiguilles ailes de mouche, est un placement de produit manifeste. C’est malheureusement bien souvent le cas.

Qui dit placement de produit dit Omega et James Bond, cette série est une mine d’or pour la marque à la lettre Grecque, car à chaque nouveau film va sa nouvelle montre. C’est une série dans la série.

Mais revenons à Christopher Nolan qui a le soucis du détail. Dans « Dunkerque », Tom Hardy qui pilote un Spitfire, arbore une Omega CK2129 de dotation d’une rare beauté. C’est très réaliste car ce modèle fût ensuite remplacé par celui sans la lunette tournante. Après la bataille d’Angleterre.

Les acteurs de cinéma étant eux même des égéries de grands horlogers Suisses, il n’est pas étonnant de les voir arborer leurs arrondissements de fins de mois dans les films. C’est ainsi que dans « Le loup de wall Street », le personnage interprété par Léonardo Dicaprio porte ce qui semble être une Rolex GMT master en or jaune. C’eût été logique : un tradeur avec une Rolex, c’est comme un agriculteur avec des botes, l’un de va pas sans l’autre. Et bien non. C’est une Immonde Tag Heuer Serie 1000 qu’il exhibe dans ce chef-d’oeuvre. Car il est en contrat avec cet horloger.

Tarantino le fétichiste

Attention, je ne blâme personne, même pas Quentin Tarantino qui a sûrement voulu bien faire en équipant Brad Pitt d’une Citizen « Bull Head » dans son film « Il était une fois à Hollywood ». Quelle riche idée, cette toquante a du chien. Mais l’intrigue se situe en 1969 et cette année là, ce mythique calibre à « Flyback » ou « retour en vol » était encore dans un bureau d’étude Nipon et ne sera commercialisé qu’en 1972. Bien essayé Quentin !

Tarantino aime bien les montres. Souvenez vous dans « Pulp Fiction », lorsque Chrisopher Walken explique au petit Butch comment il a pu garder le seul héritage de l’enfant, alors qu’il était pris de dysenterie au fond d’un camps de prisonniers au Vietnam. Pour le coup, vu l’histoire de cette toquante, l’esthétique est respectée. Par contre, le gamin, on sait pas trop ce qu’il pense de tout ça.

Et puis il y a ce psycopate de chauffeur Uber dans Drive. Chauffeur Uber qui porte une Patek. Un chauffeur avec du gout. Donc. Une parfaite Patek Philippe Calatrava 5196 G de 1973 en or gris. Il l’accroche sur son volant. C’est stupide. Une voix de canard et une Patek, on aura tout vu.

Les mythes grâce à la pellicule

Il est certaines montres qui sont devenues mythiques et inaccessibles pour la seule raison qu’elles ont été portées à l’écran. Celle portée par Steeve Mc Queen : The Cool Man, dans le film « Le Mans » en 1972, la Heuer Monaco au cadran bleu est un symbole de cette association détonante.

Mais ce n’est pas la seule. La plus folle de toutes est sans conteste la Rolex Daytona au cadran tropical dit : « Paul Newman ». L’acteur se l’était faite offrir par son épouse, qui l’avait acheté chez Tiffany’s à New York et avait fait gravé au dos : « Drive carefully me ». Il l’a beaucoup porté, notamment dans le film « Virages » sorti en 1969. Cette montre, la sienne, a été vendue pour 17,7 millions de dollars dans une vente américaine en 2017. Mais les modèles identiques se négocient au alentour des 400 000 euro en ce moment.

Il ne faut pas oublier « Appolo 13 » avec la scène de l’entrée dans l’atmosphère où les astronautes calculent la durée de poussée des fusées avec leur Speedmaster de dotation.

L’histoire ne dit pas si le capitaine crochet a récupéré sa montre dans le ventre du crocodile. D’ailleurs, comment s’appelait t’il avant de perde sa main ?

Et dans la musique ?

Rap tes montres

Je commence par le plus facile : le RAP. Et oui, tout le monde sait que les rappeurs adorent le « Bling-bling ». Expression tirée du Hip-Hop, et ajoutée au dictionnaire américain. Jay-Z le dit lui même dans « Niggaz in Paris » en comparant les toquantes à ses couilles :

« Ball so hard, got a broke clock, Rollies that don’t tick tock
Audemars that’s losing time, hidden behind all these big rocks »

Dans le Rap français aussi il est souvent question de ça, mais dans des termes parfois plus intelligents. Ainsi, Akhenaton dans « J’voulais dire » écrit et résume en une phrase un sentiment terrible, celui qui nait lorsque les amis s’éloignent. :

« Je revois des potes d’avant et je parle des petits
Eux me parlent de Rolex, puis le silence
On regarde la montre, même si on se sépare
Disons qu’on reste collègues »

Chanson française

Des montres mythiques ont été portées par des musiciens. Une Speedmaster pour Brel, des Breitling, Rolex Daytona et autres Cartier pour Gainsbourg, Johnny aussi était friand de belles mécanique.

Gainsbourg et sa Navitimer

L’histoire ne dit pas si Claude François a fait réparer la pendule de l’entrée, qui s’était arrêté sur midi. Y’a moins de risque à regarder dans une comtoise que de changer une ampoule. Apparemment.

Jean Ferrat est aussi à la recherche d’un horloger : « Que cette heure arrêtée au cadran de la montre ». Heureusement qu’on a inventé l’incabloc depuis.

Livres et BD

Littérature

Frédéric Fajardie, « Frivolités d’un siècle d’or », chapitre 8 :  » L’aiguille des heures semblait ne pas pouvoir remonter à l’assaut du cadran et sommeillait paresseusement sur la demie… »

La littérature est truffée de comparaisons, d’hyperboles et autres figures de style en rapport avec l’horlogerie. Il faut bien se rappeler qu’avant qu’on ait un téléphone dans chaque poche, le seul moyen d’avoir l’heure à tout moment, était la bonne vieille montre. Pas étonnant qu’elles soient si présentes dans la littérature.

Il est question d’une montre en héritage dans « A l’est d’Eden » de Steinbeck. Les montres en or valaient une vraie fortune à la fin du XIXème sciècle. Qui en avait une, portait une partie de son assurance vie dans la poche. Une assurance vie qui donnait l’heure. Pratique. Ce qui est terrible c’est le prix que ça vaut aujourd’hui. Pour 95% des cas c’est le poids d’or, quand l’achat d’un iPhone nécessite d’hypothéquer un rein. Quelle tristesse. Quelle absurdité.

Manga et BD

J’affectionne particulièrement Taiyou Matsumoto. Son œuvre est si riche, ses trais de crayon changeant au fil de ses histoires, sa narration toujours plus étonnante. Bref, un auteur complet. En re-lisant « Amer Béton », je me suis rendu compte que les montres ont une vraie place dans son imaginaire. L’un des deux enfants, personnages principaux de ce chef-d’œuvre, Blanko, collectionne les montres que son frere, Noiro, vole aux passants en les tabassant copieusement au passage. Des publicités pour Enicar, Rolex, Seiko illuminent la ville où les deux petits protagonistes évoluent.

Petit, j’étais fasciné par l’équipe Cousteau et ses plongeurs aventuriers. Mais comme je n’avais pas la télé et que ces histoires existaient en BD, je les connaissaient par cœur. Hyper bien dessinées par Dominique Sérafini. l’une d’elle raconte que lors d’une plongée dans la mer des caraïbe, Philippe Cousteau se fait morde et arracher sa Rolex par un barracuda. Qui la bouffe ! La bonne Submariner 5512 à 20000 euro !?! dans une crotte de barracuda sur le fond sablonneux. Elle deviendra fossile et les créatures intelligentes qui peuplerons notre planète dans 50 millions d’années, se demanderons bien ce que peut faire ce truc étrange au milieux des sédiments.