Une histoire de rythme

Ça commence en Italie, dans la cathédrale Santa Maria de Florence.

Un homme assis, regarde le bedeau allumer les chandelles d’un immense candélabre. Une par une. Pendant que le curé prépare sa prêche. Les bougies crépitent. Le petit bonhomme range les allumettes dans la poche de son veston et saisi une épaisse corde de chanvre. Il s’arc-boute et le chandelier monte dans les ténèbres de la voute. Les bougies se balancent de gauche à droite de l’allée centrale. Doucement.

A la fin de la messe, en regardant le candélabre qui bouge encore, doucement, l’homme dit à sa compagne : « j’ai compris ! » Madame Galilée lève les yeux au ciel. Elle s’attend au pire.

C’est donc Galilée, en premier, qui eut l’idée d’associer le balancier à un mécanisme d’horloge.

Plus tard, en 1795, s’appuyant sur les travaux d’un physicien Hollandais, Louis Abraham Breguet invente le spiral dit « spiral Breguet ». Il est utilisé pendant plus de 100 ans, jusque dans les années 1940. Le spiral c’est le bras du pendule, mis sous forme de ressort en spirale plate. Un balancier va à droite et à gauche. C’est ce qui donne le tic-tac de la montre. Tic est à gauche et tac à droite. Ou c’est l’inverse ? Je suis perdu là ?!?

Bref, pour qu’une montre tienne l’heure, il faut que le rythme soit toujours le même. Mais il existe de nombreux rythmes différents, tenant tous l’heure comme il faut. On compte ce rythme en alternance par heure ( 1 alternance = 1 aller et retour du balancier).

Quel rythme pour quelle montre ?

Voici un passage en revue rapide :

Du plus lent au plus rapide :

3600 A/H

 

Le rythme du mouvement quartz classique. Une alternance par seconde. Les horloges « Comptoise » battent aussi la seconde. C’est le fameuse Tic-Tac que tout le monde connais. Si mal utilisé dans les films et autres bruitages.

18000 A/H

 

C’est le rythme du calibre 30t2 de Omega, et, plus largement, celui de la plus part des montres de poche. C’est aussi celui de la plus part des calibres chronographes datant d’avant les années 60.

19800 A/H

 

C’est le battement du balancier du calibre 600 de Omega, du 354, ainsi que de la plus part des premiers mouvements automatiques.

21600 A/H

 

Le calibre chronographe 861 de Omega est cadencé à ce rythme. Beaucoup de calibres automatiques chinois suivent aussi ces battements.

28000 A/H

 

Le ETA 2892A2 tient cette fréquence. Le ETA 2824-2, lui est cadencé à 28800 alternances. C’est un des calibres les plus emboité de l’horlogerie suisse contemporaine.

36000 A/H

 

Le plus célèbre est le « El Primero » de Zenith, mais le mouvement UltraChron de Longines est aussi basé sur ce rythme. Théoriquement, en 5hz, c’est précis à 1 dixième de seconde. A la fin des années soixante, ce fut la mode de chercher à augmenter la fréquence. Mais les horlogers se rendirent vite compte que les montres n’étaient pas plus précises mais qu’elle consommaient bien plus d’énergie et voyaient leur réserve de marche diminuer drastiquement. C’est pour cette raison que lorsque Rolex utilisait le « El Primero » de Zenith, sa fréquence était rabaissée à 28800 A/H. Cela le rendait moins gourmand.

72000 A/H

 

Seul la Breguet 7727 tourne à cette vitesse. 10hz. Elle marque donc le 20ème de seconde. Le spiral est d’ailleurs tout à fait particulier car il est en silicium et possède un amortisseur.

Diapason 300hz

 

C’est une technologie inventée et utilisée par Bulova à la fin des années 50. C’est le premier mouvement à pile qui soit fiable. La preuve : beaucoup fonctionnent encore. Il fut utilisé par plusieurs marque, notamment Omega dans sa série f300. Cette fréquence très haute s’explique par l’utilisation un système d’échappement totalement différent de celui des autres montres cités au dessus. Il n’est plus question d’ancre et de balancier. C’est la vibration d’un diapason qui pousse – à l’aide de deux petits rubis – une grande roue de 300 dents.

Toutes ces vitesses se traduisent visuellement par un mouvement différent de l’aiguille des secondes. Plus le rythme est lent, plus le mouvement de l’aiguille est saccadé.